À PARTIR DE…
Pour la deuxième année, ART-connexion organise un appel à participation qui s'adresse à des artistes engagés dans une démarche artistique professionnelle et aux étudiants en Écoles d'Art, français et étrangers.
Une œuvre de l'histoire de l'art est proposée comme point de départ du travail artistique. Il s'agit de (re)visiter de manière dynamique et contemporaine la notion de "modèle".
Chaque participant est invité à se laisser interroger par la confrontation avec l'œuvre proposée et à développer un point de vue personnel actuel, à la fois conceptuel et sensible. Au final, ni copie, ni répétition mais une mise en espace contemporaine qu'il s'agit, pour chacun, d'articuler avec l'ensemble de son travail artistique.
Pour l'édition 2010/2011, soixante-neuf artistes internationaux (Belgique, États-Unis, Grande-Bretagne, France, Italie, Pologne, Roumanie, Sénégal) présentent 1 œuvre réalisée
À PARTIR DE… Il Mondo Nuovo
de Giandomenico Tiepolo (1791)
54 oeuvres > 30 x 30cm // 9 oeuvres > 30 x 30 x 30cm //
6 oeuvres > DVD, 1 minute.
La fresque « Il Nuovo Mondo » de Giandomenico Tiepolo présentée depuis juin 2001 au Musée du XVIIIè siècle vénitien de Ca'Rezzonico fait partie des fresques qui décoraient la villa de Zianigo, petite ville près de Mirano.
Cette grande fresque (5 mètres de large) surprend par le point de vue choisi : Une foule, de dos. Le titre Le Nouveau Monde n'est pas anodin. Cette oeuvre a été réalisée en 1791.
Giandomenico Tiepolo a réalisé plusieurs oeuvres présentant des foules de dos. Quelque chose l'intéresse de manière répétée, insistante, dans cette mise en scène.
Dans « Il Mondo Nuovo », tous les personnages sont de dos, aucun visage n'est visible, à l'exception de 5 visages. Tout-à-fait à gauche, à moitié caché, le masque d'un Pulchinella. Tout-à-fait à droite, une jeune femme tient un éventail ouvert sous son visage, de profil ; son corps est de face. Tout-à-fait au centre de la peinture, un jeune garçon. Son visage de ¾ face est dans le prolongement de la ligne du toit. Son corps est tourné vers nous. Dans la partie droite, deux personnages se tiennent de profil : représentation du père, Giambattista Tiepolo, un peu engoncé et renfrogné, et du fils, Giandomenico Tiepolo, qui scrute et regarde avec son lorgnon. Il se représente dans cette posture : celui qui scrute.
Et cette palissade, qui ressemble à un dos de peinture, comme chez Velasquez (Les Ménines)... Et ce personnage à la silhouette noire qui tient un bâton – un trait noir – dont les extrémités plongent dans la couleur bleue...
Les corps et les silhouettes de la fresque sont lisibles comme des découpages. L'espace horizontal bleu est traité sur le même « plan » que la découpe de la foule.
Est-ce cette (relative) simplification qui fait dire à certains que Giandomenico Tiepolo est moins bon peintre que son père ? Le fils a beaucoup travaillé avec son père. Celui-ci a peint beaucoup de foules, mais de face. Ses personnages de dos sont plus rares.
Les représentations graphiques différentes correspondent à des positionnements, des choix, des visions du monde différents.
« Il Mondo Nuovo » de Giandomenico Tiepolo est une oeuvre très singulière dont la mise en espace subtile et complexe suscite le questionnement.